mercredi 23 avril 2008

Une conscience éclairée

Et si rien ne s'était passé le 17 avril 2008? Aimé Césaire s'éteint et un tout un peuple retient son souffle. Un orage de tempête éclate en plein carême. On nous avait bien annoncé un Carême gras. Mais celui là était bien trop singulier, attendu parce qu'inéluctable et tout autant redouté à la fois. Il a eu raison de tous les préparatifs, des organisateurs les plus experts.

Un poète, un homme politique, un humaniste est mort. C'est l'éveilleur de conscience, le marqueur des esprits, qui avait mis sont existence au service d'une cause bien au dessus de son moi qui restera dans l'âme du peuple dont il était l'enfant, dont il est devenu le père avec une légitimité devenue très vite incontestable.

Partant à la quête de son moi profond, il rencontre l'inconscient collectif de son peuple, parcours les méandres de ses grottes enfouies, comblées de mensonges, de falsifications de l'histoire, d'horreurs, mais aussi de résistances et de luttes héroïques.

Tel un thérapeute, il utilise des mots pour soigner les maux. A la différence de celui-ci, il place son action d'emblée sur un plan collectif, et il crée les mots dont il a besoin pour son action. Il leur redonne un contenu, les transforme en arme de lutte contre l'oppression. C'est ainsi que Le Nègre est placé au cœur de la conquête et de la quête identitaire. Le concept de négritude vient donner une dimension scientifique à la démarche. C'est l'arme utilisée par l'oppresseur qui est utilisée pour vaincre celui-ci. La technique est connue des pratiquants des arts martiaux.

Enfin (non pas en fin puisque il s'agit bien d'un processus d'ensemble) la revendication identitaire est étendue non seulement à son peuple mais à tous les peuples opprimés. Son action prend ainsi une dimension universelle.

Il repose aujourd'hui dans le plus illustre des panthéons, l'inconscient de son peuple comme d'autres tels Jean Marie Tjibaou, Lumunba, Martin Luther King...

L'homme s'en va reposer son corps fatigué par une traversée de la Grande Trace marquée par la générosité spirituelle. Son crédo, transformer les esprits pour transformer les choses, transformer le monde en changeant les représentations que chaque homme à de lui même et de l'autre. Sans utiliser, pour celà, la force de la poudre, lui préférant pluôt celle de la culture. Il y a là indubitablement des attributs du visionnaire qui dit-on n'est jamais prophète en son pays.
Ne disait-il pas, parlant de lui-même, que la transformation de la conscience est un processus sans fin!!! « Vaste programme… »

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